USS Keokuk  

OKB Grigorov 1/700

USS Keokuk, lors du bombardement de Fort Sumter le 7 avril 1863.

Lancé à New York City en décembre 1862, commissionné dans l'US Navy au début mars 1863, le USS Keokuk prit part à l'assaut nordiste sur le Fort Sumter, fortification clé de la défense du port atlantique de la ville de Charleston en Caroline du Sud. La prise de ce fort par les troupes rebelles en avril 1861 fut l'étincelle qui mit feu aux poudres de la Guerre Civile américaine. Malgré plusieurs assauts nordistes, le fort (et ses environs) resteront au contrôle des sudistes jusqu'à la fin du conflit.

La flottille dont faisait partie le USS Keokuk le 7 avril 1863 fut mise à mal par les défenses du fort et du port et elle dut se retirer; touché par au moins 70 projectiles, le USS Keokuk fut abandonné et coula le matin du 8 avril, moins d'un mois après son entrée en service. Le navire était un prototype d'un type nouveau d'Ironclads (vaisseaux 'habillés de fer') qui, dès le 9 mars 1862 et la fameuse bataille de Hampton Road (Virginie) entre le USS Monitor et le CSS Virginia, changèrent à jamais la guerre navale.

Le USS Keokuk était armé de deux canons de 280mm, un sous chacune des deux 'tourelles' fixes, chacune ayant trois petites ouvertures à 90 degrés l'une de l'autre pour le tir. Suite à l'expérience acquise avec le USS Monitor, le pilote et le capitaine du USS Keokuk avaient enfin une place plus centrale, élevée et protégée, facilitant les manoeuvres, les communications avec les artilleurs et le tir des armes (les artilleurs n'ayant pour ainsi dire pas de vue sur l'extérieur). Sa coque extérieure est bombée afin de faire ricocher les projectiles, mais son armure mixte (bois sandwiché entre deux plaques d'acier) n'était pas suffisante pour résister aux défenses portuaires, en tout cas celles du port de Charleston...

Avec une longueur de 46m, une largeur de 11m et un tirant d'eau de 2,59m, c'était plutôt un navire orienté vers la navigation fluviale (tout comme l'étaient les monitors (le USS Monitor donna son nom à tous ces navires 'plats' construits à sa suite), et de fait la navigation en pleine mer était pour le moins difficile et risquée, chaque petite vague passant par dessus le pont et ne facilitant pas ainsi le travail des pompes...

La vie des 92 hommes d'équipage n'était guère agréable, entre des températures à l'intérieur pouvant atteindre 65 degrés Celsius, la fumée et particules de charbon, de poudre et des lampes, l'humidité (principalement dues aux fuites), les odeurs (déchets, sueur,..), le manque de lumière du jour, et, en temps de combat, pour la plus grande partie de l'équipage, le manque total d'information quant à la façon dont le combat se déroule.. Dès que possible, les membres de l'équipage vivaient, mangeaient et dormaient sur le pont ou sous les 'tonnelles' de toile érigées au dessus des tourelles.

Ce kit au 1/700 provient de l'artisan bulgare OKB Grigorov; la minuscule boîte, à peine plus grande qu'une boîte d'allumettes, contient un peu plus d’une vingtaine de pièces en résine et en photodécoupe, toutes d'excellente facture. Voulant réaliser un navire 'en action', je n'ai eu besoin ni des gardes-fous en photodécoupe, ni des canots de sauvetage en résine, tous ces 'extras' pouvant gêner le tir des armes et la conduite du navire.. L'idée de représenter le tir d'un boulet m'est venue assez tôt; cela a juste nécessité le forage d'un trou dans la coque (du type 'waterline') et la mise en place dans une des tourelles d'un LED. Après la peinture d'un primer de carrosserie blanc, la partie plate du pont est peinte en bois, et la coque en gris foncé. Des jus foncés (gouaches d'artistes) sont ensuite appliqués. Je n'ai pas voulu 'en faire trop' (vu l'échelle) et n'ai pas drybrushé le pont en bois d'une teinte plus claire. Je n'ai pas pu trouver d'information sérieuse quant à la peinture de la coque de au dessus de la ligne de flottaison.. Etait-elle peinte en noir? J'ai préféré lui donner un aspect métallique, en frottant du graphite (un 'bête' crayon noir) sur le gris foncé. Un dernier jus foncé (huile d'artiste) est ensuite placé sur le graphite pour diminuer le brillant et donner, en frottant, ici et là, un pinceau plat sec) à certaines plaques de métal un peu plus ou un peu moins d'éclat. J'ai aussi voulu donner à l'eau du port un aspect varié du à la rencontre des eaux du fleuve et de l'océan. Un cercle de plastique card sur lequel est collé une feuille d'alu froissée est peinte en gris primer puis barbouillée de teintes brunes, bleues et vertes. Une couche de 'Water Gel' AK est appliquée au-dessus, la coque du navire est ensuite placée (dans une fosse préalablement découpée dans le plastique card). Les vaguelettes et écume (et l'onde de choc du tir) sont ajoutées en Milliput puis peintes en blanc cassé; un jus bleu-brun-verdâtre (!) suit, et on termine avec un léger drybrushing au blanc pur et un coup de vernis brillant (que l'on ajoute aussi, irrégulièrement, le long du bas de la coque). Le 'coup manqué' sudiste est réalisé en ouate et colle blanche teintée, ici et là, de ce jus bleu-brun-verdâtre, le tir nordiste figuré d'ouate collée sur le LED (préalablement teinté de jaune et d'orange) et taillé pour figurer un globe de fumée légèrement irrégulier. La cheminée du navire est elle ornée d'un peu d'ouate copieusement teintée de gouache sépia. Voilà, un petit projet qui m'a tenu en haleine pendant, ooh, bien trois jours, histoire de revoir un peu l'Histoire, celle avec un grand 'H' du tout début de la guerre navale moderne.

Dominique Jadoul